Qui était Gordon Moore et que dit sa célèbre « loi Moore » ?
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Le géant des processeurs Intel est endeuillé par la mort de Gordon Moore, cofondateur et emblématique dirigeant de l'entreprise de 1975 à 1987, survenue le 24 mars à l'âge de 94 ans. Si vous êtes familier de l'actualité des processeurs, la "loi" de Moore ne vous est sans doute pas inconnue. En effet, c'est Gordon Moore lui-même qui, par l'observation des évolutions technologiques, a théorisé le doublement des performances des microprocesseurs. Cette loi, qui prévoyait à l'origine une période de dix ans, stipule que la puissance des processeurs doublerait tous les deux ans, et bien que limitée par des obstacles techniques et la physique, elle reste toujours d'actualité. Petit retour vers le passé. Gordon Moore était l’un des pionniers du monde des semi-conducteurs, ayant travaillé pour William Shockley, l'un des inventeurs des transistors, ainsi que pour Fairchild Semiconductor, une entreprise qui a essaimé ses talents dans le reste du pays. D’ailleurs, Intel est directement issu de Fairchild Semiconductor, et grâce à la contribution de Moore, l'entreprise a connu un grand succès et est devenue un géant dans le monde des circuits intégrés. Pour Intel, Gordon Moore est devenu un mythe, à tel point que la direction du groupe a donné son nom en 2022 au nouveau campus de ses usines dans l'Oregon, aux États-Unis. Chaque année depuis plus de deux décennies, la fin de la loi de Moore est annoncée. Pourtant, en 2023, la production de masse de puces en 3 nm sera lancée et les performances continuent de progresser à un rythme toujours soutenu, bien que moindre comparé aux années précédentes. Lorsqu’Intel a été fondé, la taille des circuits s'exprimait en dizaines de micromètres. Et lorsque Gordon Moore a quitté la direction de l'entreprise en 1987, l'industrie venait tout juste d'entrer dans l'ère nanométrique, avec des puces gravées en 800 nm. Aujourd’hui, on grave en 3 nm, soit 266X plus fin en 36 ans. Après que la loi de Moore se soit ancrée dans les esprits, une autre loi est née : celle du coût de production énoncé par Arthur Rock, un investisseur dans les semi-conducteurs de la première heure qui avait misé sur des entreprises telles qu'Intel ou Apple. Sa loi stipule que le coût des usines de fabrication de semi-conducteurs double tous les quatre ans, et en effet, les coûts des usines s'envolent. Le futur site allemand d'Intel de Magdebourg devrait coûter aux alentours de 30 milliards de dollars, et si l'inflation actuelle pousse les prix à la hausse, c'est surtout l'incroyable complexité et technicité des procédés qui sont en cause. Pour les puces les plus avancées, la production repose aujourd'hui sur des machines de pointe, notamment celles du Hollandais ASML, et qui se négocient 180 millions d’euro l’unité. Le PDG actuel d’ASML, Martin van den Brink, expliquait en septembre que « techniquement, sortir la prochaine génération de puces est faisable [mais] si le coût des machines continue d’augmenter, cela sera tout bonnement infaisable économiquement » fin de citation. À voir si la théorie d’Arthur Rock ne finira pas par prendre le pas sur la loi Moore, même si jusqu’à aujourd’hui, Moore a toujours eu raison. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices