Choses à Savoir CERVEAU - Pourquoi le temps semble-t-il ralentir à la salle de sport ?
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Pourquoi une minute sur un rameur paraît soudain plus longue qu’une minute sur un canapé ? Selon une étude récente publiée dans la revue Brain and Behavior, cette impression n’est pas qu’un ressenti : notre cerveau perçoit réellement le temps différemment pendant l’effort physique.Les chercheurs ont recruté un groupe de participants et les ont soumis à des exercices d’intensité variable, tout en leur demandant d’estimer la durée de séquences très courtes. Résultat : plus l’effort augmentait, plus les participants surestimaient le temps. En clair, le cerveau étire littéralement la perception du temps pendant l’exercice.Pourquoi cela arrive-t-il ? L’étude met en avant plusieurs mécanismes. D’abord, lorsque l’intensité physique augmente, le cœur s’accélère, la respiration se fait plus rapide et le système nerveux sympathique – celui de l’alerte – s’active. Cette montée physiologique envoie au cerveau un signal clair : « ce qui se passe nécessite ton attention ». Or, l’attention est un facteur majeur de la perception temporelle. Plus nous sommes attentifs à nos sensations corporelles – souffle, chaleur, douleur musculaire –, plus le temps nous paraît long. Le cerveau découpe alors les informations en segments plus nombreux, ce qui donne l’impression que le temps s’étire.Deuxième élément : la fatigue cognitive. L’effort physique soutenu active des régions du cerveau comme le cortex insulaire et le cortex cingulaire antérieur, impliqués dans la gestion de l’effort, de la douleur et du contrôle. Or, lorsque ces régions sont sursollicitées, elles laissent moins de ressources disponibles pour évaluer précisément le passage du temps. Résultat : le cerveau adopte un mode de comptage approximatif qui tend à rallonger les durées perçues.Troisième mécanisme : l’anticipation. Pendant une série de squats ou une séance de tapis de course, le cerveau se projette inconsciemment vers la fin de l’effort. Il survele la progression, attend la prochaine pause, guette la dernière répétition. Cette attente crée une tension cognitive qui peut altérer le flux temporel et donner l’impression que chaque seconde est plus longue que la précédente.Enfin, le contexte compte. À la salle de sport, nous faisons souvent une activité volontaire mais inconfortable. Or, des travaux antérieurs ont montré que l’ennui, la contrainte ou la douleur ralentissent la perception du temps, contrairement au plaisir ou à la distraction, qui l’accélèrent.En résumé, si le temps semble ralentir pendant l’effort, ce n’est pas une illusion psychologique mais une modification réelle du traitement du temps par le cerveau. Le système nerveux surveille davantage le corps, surestime les durées, anticipe la fin et mobilise des circuits cognitifs qui, sous tension, altèrent le jugement temporel. C’est cette combinaison qui transforme une minute de sport en une petite éternité. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
