À la Une: qui sont les émeutiers?
Revue de presse des hebdomadaires français - Podcast autorstwa RFI - Niedziele
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« Les chiffres sont glaçants, soupire La Croix : plus de 700 policiers et gendarmes blessés, 10 000 feux de poubelles, 1 000 bâtiments brûlés et 250 commissariats et gendarmeries attaqués, selon le ministère de l’Intérieur. Aussi, alors qu’un calme relatif semble être revenu dans les banlieues après cinq nuits d’émeutes, l’incompréhension domine. Qui sont ces jeunes, s’interroge le quotidien catholique : des herbes folles ou de vrais rebelles ? Les magistrats qui ont eu affaire à eux soulignent tous leur extrême jeunesse et leur immaturité. « Il s’agit surtout de primo-délinquants, commente Cécile Mamelin, à l’Union syndicale des magistrats. Leurs actes ne sont ni réfléchis ni contextualisés. Ils ont vu d’autres jeunes mettre le feu et se sont dit “j’y vais aussi”. Il y a un vrai phénomène d’entraînement et de dynamique de groupe renforcé par les réseaux sociaux. C’est une situation qui sort de l’ordinaire. Ces jeunes ne ressemblent pas à ceux qui comparaissent habituellement. »Cocktail explosif« Difficile de dresser un profil type de ces révoltés nocturnes, renchérit Le Monde. Ils sont plutôt jeunes, peu bavards, parfois âgés de seulement 12 ou 13 ans et dépassant rarement la trentaine. Avec des assaillants très jeunes, là encore, foulards autour de la tête, parfois torse nu, lancés à corps perdu dans l’affrontement, jetant des pierres, ou tenant à bout de bras des fusées pyrotechniques, comme des épées prêtes à s’enflammer. Rage, révolte, délinquance, tout se mélange dans un cocktail explosif. Il est d’autant plus explosif que beaucoup de ces jeunes semblent hors de contrôle, coupés des relais adultes. »À lire aussiViolences en France: après l'interpellation de mineurs, Macron en appelle à la responsabilité des parentsProfils et motivations variésLibération également cherche à comprendre qui sont les émeutiers des derniers jours. « Unis par leur détestation de la police, ils affichent des profils et des motivations variés, entre sentiment d’abandon, avenir bouché et effet accélérateur des réseaux sociaux. »En effet, commente Libé, « les profils sont tellement variés qu’on peine à leur trouver un point commun, sauf sans doute d’innombrables rencontres humiliantes avec la police et le besoin de se venger. Certains ne sont que des pilleurs opportunistes, c’est évident ; d’autres sont des enfants qui ne font que suivre les instructions de leurs aînés ou des dealers du quartier, c’est sûr aussi. Pour les autres, donc pour l’immense majorité des émeutiers, il s’agit d’un sabotage causé à soi-même, ou tout au moins à ses proches, dans un délire de destruction que bien peu ont cherché à stopper. »Et Libération de s’interroger : « Pourquoi des dizaines de milliers de jeunes Français se sentent en prison dans leurs cités ? Bien peu de réponses sensées à ce défi national sont proposées dans le champ politique, qui a surtout alimenté ces derniers jours les bêtisiers à venir. Dans un rare moment de courage politique, le président de la République a déclaré hier que "les raisons de ce que nous vivons viennent de loin". Il est temps d’aller à leur rencontre, aux racines de ces émeutes que seuls des actes concrets pourront éteindre. »Qui va payer ?Le Figaro pour sa part pointe le bilan matériel des émeutes… « Le très lourd bilan d’une semaine de violences, titre le journal. Les dégâts pour les entreprises et les commerces seraient évalués à 1 milliard d’euros », selon le patronat. Et qui va payer ? « L’État, c’est-à-dire le contribuable, sera contraint de participer, une fois encore, au règlement de la facture, déplore Le Figaro. Les Français subiront alors la double peine de réparer des équipements qu’ils ont déjà payés. Et les vandales, dans tout cela ? Les bonnes âmes nous expliquent à quel point il serait injuste, puisqu’ils sont des victimes de la société, de les faire payer. Combien ajouter de la misère à la misère risquerait de conduire au chaos. Comme si l’impunité dont ils bénéficient n’avait pas déjà produit ce résultat », fulmine encore Le Figaro qui conclut : « Abasourdi par les événements, Emmanuel Macron serait, paraît-il, prêt à sanctionner financièrement les familles des délinquants. La grande majorité des Français n’attend que cela. »À lire aussiViolences en France: Emmanuel Macron promet une «loi d'urgence» pour accélérer la reconstruction